CHAPITRE 5

Je ne comprends plus Josh. Vraiment, j’ai trop les boules. Comment c’est possible ? Ça me prend la tête et me rend triste. Je connecte mon portable au chargeur et m’allonge sur mon lit. A vrai dire, le seul endroit qui vaille le coup ! Je regarde autour de moi. La zone totale. Ma console de jeu est pourrie comme la plupart de mes affaires. Tout s’effondre et se casse la gueule par ici. Jenna me rend dingue, je ne lui donnerai jamais raison devant notre mère, mais elle n’a pas complètement tort. C’est vraiment le gros bordel ici ! Ranger et puis quoi encore ?! Mes fringues sont mieux sur le sol. Et toutes ces photos par terre : Julie, renversée par une voiture l'année dernière. Un accident ? On ne sait pas vraiment! Elle était très jolie. Et puis Kurt, pas très photogénique après toutes ses bagarres. Tod c’était le sympa, le calme. Des mecs
d’un gang de rue l'ont battu à mort il y a même pas un mois. Rachel, je ne l'ai pas vue depuis un moment. Toujours en vie, j’espère… Et ce barge de Josh qui devient exactement comme les mecs de ces gangs ! Un trop grand nombre de nos amis ne sont plus là ! J’ai envie de crier, de pleurer, stopper mes pensées noires qui tournent en boucle… Alors j’allume la télé aussi vite que possible pour me changer les idées. Et comme d’hab, je me retrouve devant les infos ! Mauvaise idée. Je m’apprête à éteindre mais le présentateur commence son récit par l’activité des gangs de rue… Trop tard, me voilà scotché devant l’écran. Le présentateur est en direct : Ce soir, les activités des gangs de rue se poursuivent dans notre ville. Il y a eu une fusillade dans une ruelle sombre. On a tiré sur la serveuse à la sortie du bar où elle travaille. Tiens, bizarre, cet endroit me dit quelque chose… Le présentateur : La serveuse blessée à la cuisse s’est mise à perdre beaucoup de sang. L’agresseur s’est enfui et voilà qu’un homme avec des tatouages s’est approché de la jeune femme à moitié inconsciente. Il a simplement touché la blessure béante, a stoppé l’hémorragie, puis s’est éclipsé sans qu’elle ait eu le temps de le remercier. Cadrage sur la fille agressée qui reprend : C’est incroyable, je n’ai même pas pu vraiment le voir. Maintenant ma cuisse ne saigne plus, et ma blessure s’est refermée comme par magie. Est-ce que j’ai rêvé ? Ce n’est pas possible ! Toujours sur mon lit, je m’approche de l’écran. Il me semble la connaître ? Elle a l’air en état de choc. Elle n’arrête pas de déglutir devant la caméra et semble douter de ce qu’elle raconte ! Elle baisse les yeux. Elle doit certainement vérifier sa cuisse pour se persuader qu’elle n’a pas rêvé. Je me dis comme à chaque fois, ça déconne à pleins tubes à la télé … Et juste là, j’aperçois à l’écran la silhouette d’un homme qui porte une capuche et se tire rapidement, sans regarder derrière lui. Je crie devant mon écran : mais bordel faites un gros plan sur lui ! Rien. Quelle bande d’endormis ! Ils sont vraiment trop nazes et passent peut-être à coté du seul scoop intéressant !
Retour sur le présentateur qui passe rapidement à un autre sujet : À l'extérieur de la ville, d’autres gangs sont responsables des pénuries alimentaires. Les autorités tentent de contrôler la situation. Ces gangs ont été accusés d'attaques contre des civils innocents. Certains habitants demandent le droit de témoigner. Notre porte-parole du gouvernement et bien-aimé maire nous déclare… VK : Ces activités ne sont pas tolérables et ne seront plus tolérées ! Pas besoin de témoignages. Avec les forces de l’ordre, je vais traquer les responsables. Ils payeront pour leurs crimes contre le peuple et notre grande nation ! Faites-moi confiance, je vais vous protéger ! Votre sécurité est ma préoccupation n°1, mais pour cela, il faut vous en remettre totalement à moi et absolument suivre mes recommandations. Premièrement le couvre-feu…
HS par toutes ces conneries et cette foutue journée, je m’endors en deux minutes à peine. Je sombre dans une sorte de rêve. C’est étrange, je flotte dans une réalité voilée par de la brume blanche. Petit à petit la fumée se dissipe et je me retrouve dans une rue étroite, sombre et sordide. L’odeur ici est insupportable ! Je peux à peine respirer ! Horreur, j’aperçois la carcasse à moitié décomposée d’un chien mort. C’est alors que je discerne la porte d’un bar. Mais… c’est l’endroit de l’attaque… ! Je vois un homme grand s’approcher. Il porte une crête iroquoise et des poignets de force. Il m’interpelle, mon sang se glace, je me retrouve figé sur place. Très calme et avec ravissement, il sort son flingue et me tire dessus en souriant. Une douleur insupportable déchire mon flanc. Le sang se met à couler abondamment. Mon corps devient lourd et je m’effondre comme une masse sur le sol…