CHAPITRE 17

Nous nous présentons officiellement, même si nous nous sommes déjà vus et remarqués réciproquement.
En épongeant mon sang et désinfectant mes nombreuses plaies à la tête, Rose me demande de lui expliquer ce qui s’est passé. Et surtout pourquoi je suis dans un pareil état ?
Je lui déballe mon sac à toute berzingue sans pouvoir empêcher mes larmes de couler. Rose voit que je suis sous le choc de la mort des deux autres gars avec lesquels je me suis enfui.
Moi : Ça s’est passé quasiment sous mes yeux, l’horreur ! J’ai dû les laisser sur place, incapable de lever le petit doigt pour eux. Pareil pour le gamin dans la chambre ! Je ne sais pas si un jour je pourrai oublier ma lâcheté. Et ces images horribles qui me hantent…
Rose essaie de me tranquilliser avec des paroles réconfortantes qui me déculpabilisent, tout en enchaînant d’une voix douce : La violence te fait souffrir, c’est évident alors pourquoi est-ce que tu traînes avec ce gros balourd de Roger ?
Moi : C’est un vieux pote…
Rose : Eh bien, j’ai tout vu et Paige m'a tout dit. Il l’a vraiment mal traitée ! Ton ami est une vraie brute, tu sais ça ?!
Moi : Oui je sais. Roger n'est plus lui-même. Il est comme… malade. Il devient violent et toujours plus bête chaque jour qui passe.
Rose sourit puis, après m’avoir donné un peu d’eau, elle reprend : Alors tu es le frère de Jenna ? Elle ne semble pas beaucoup t’apprécier, non ?
Moi : Je ne me soucie pas de ce que mon idiote de sœur peut penser.
Rose : J’ai rencontré Jenna à travers Sarah.
Moi : Sarah, la meilleure amie de Jenna, dit que tu es complètement folle…
Rose : Sarah dit beaucoup de choses. Elle désire se faire remarquer. Comme toi je ne me soucie pas de ce que pensent les autres ! Je n’ai pas le temps !
Moi : C’est vrai qu’on ne te voit pas souvent en cours ?
Rose : Oui, c’est pas faux.
Moi : Et t’as pas de problèmes avec la direction pour tes absences répétées ?
Rose : J’avoue je suis un peu protégée par le dirlo. Je suis orpheline alors Marc Sadier a pitié de moi !
Moi : Ne me fais pas croire que Marc Sadier peut éprouver un bon sentiment envers qui que ce soit, si ?
Rose : Je vois que tu as du discernement. Non ce n’est pas par bonté de cœur, en effet !
Moi : Tu me parles de discernement…
Rose : En contrepartie, il me demande de faire des tas de trucs chelous. Moi interloqué : Ah, comme quoi ?
Rose : Au début, j’y pensais pas trop. Je me suis fait embarquer dans cette histoire par naïveté. Mais maintenant j’ai vraiment une peur bleue de ce mec. C’est un grand malade ! Il est vraiment dégoûtant, comme les choses qu'il fait…
Moi : Que veux-tu dire par « les choses qu’il fait » ?
Rose : Tu ne devines pas ? Pourquoi tu penses que même les filles les plus stupides obtiennent toujours de bonnes notes ?
Moi : Quoi ?
Rose : Crois-moi, beaucoup de choses pas claires arrivent dans ce bahut... Mais heureusement, il ne m’a jamais touchée. Pas moi…
Moi : Tu veux dire que …
Rose me coupant la parole : Et aussi, il donne des élèves à la police. Je le sais.
Moi : C’est pas un peu exagéré ? Et les profs alors, ils sont comme lui ?
Rose : Je pense que oui, enfin certains d'entre eux. Les autres ne sont que des idiots qui passent leur vie dans les livres, et ne savent rien de la réalité.
Moi : Wow c’est comme un sale serpent venimeux qui se faufile partout et rend les gens fous ! Je ne peux pas vraiment l'expliquer, mais les gens autour de moi agissent de plus en plus bizarrement.
Rose : Ça alors, pas étonnant ! T’as vu la ville dans laquelle nous vivons, tout n’est que destruction. C’est parce que plus personne ne vit en accord avec la nature. Notre seule chance c’est de retourner à nouveau vers la nature, la Mère-Terre. Comme cela on retrouvera notre vraie nature. Se couper de la nature, c’est très dangereux !
Moi : Toi aussi tu parles de la nature comme si elle était vivante.
Rose : Ben oui, la Mère-Terre possède le pouvoir d’arrêter les influences mauvaises du monde invisible.
Moi : Mais qu’est-ce que tu veux dire exactement par le monde invisible ?
Rose : Hum… Tu me fais penser à Max.
Moi : Max ?
Rose : Mon petit frère. Tout un poème ! Il veut toujours tout savoir, il me questionne tout le temps et veut tout faire comme moi. Si je sors, il veut sortir. Si je dessine, il veut dessiner lui aussi.…
Moi : Je dois prendre cela comme un compliment ?
Rose : C’est un compliment. Mais chuuuut ! Et maintenant, laisse- moi finir de te soigner.